La diversité dans les défilés : simple tendance ou vrai changement ?

Avez-vous remarqué comme les podiums sont devenus un peu plus variés ces dernières années ? Plus de peaux, plus de formes, plus d'histoires aussi. Mais derrière ces apparences, la mode est-elle vraiment en train de changer ? Ou assiste-t-on juste à un effet de mode temporaire ? Parlons en ensemble.

Un peu d'histoire pour commencer…
Connaissez vous Mounia ? Ce nom mérite d'être gravé dans toutes les mémoires de passionnées de mode. En 1978, elle est devenue la première mannequin noire à défiler pour une grande maison de couture à Paris : Yves Saint Laurent. Et ce n'était pas juste pour une collection. Mounia était sa muse, son amie, son inspiration.
Saint Laurent a été l'un des premiers créateurs à comprendre que la beauté ne se résume pas à une seule couleur de peau. Il a fait de la diversité une force artistique, un message puissant dans chacune de ses collections. À une époque où cela ne se faisait pas.

Depuis, les choses ont-elles vraiment évolué ?
En 2020, après l'assassinat de George Floyd, de nombreuses marques de mode ont pris la parole. Messages de soutien, promesses de changement, hashtags à l'appui… Tout le monde voulait montrer qu'il était du bon côté de l'histoire.
Mais plus de trois ans plus tard, la mode a-t-elle vraiment tenu ses engagements en matière de diversité ?
Sur les podiums, les chiffres sont encourageants : lors des fashion weeks printemps-été 2021 à New York, Paris, Milan et Londres, plus de 40 % des mannequins étaient racisés. Une avancée importante dans un milieu qui a longtemps mis en avant une beauté standardisée et peu inclusive.

Cependant, quand on regarde ce qui se passe derrière les projecteurs, dans les bureaux de direction, les équipes de création ou les conseils d'administration, la diversité reste largement absente. Et beaucoup de marques refusent même de partager leurs données à ce sujet.
L'Europe à la traîne ?
Aux États-Unis, les choses bougent plus vite. On parle de quotas, on assume les chiffres, on met des visages sur les engagements. En Europe, et notamment en France ou en Italie, c'est plus compliqué : la loi interdit les statistiques ethniques et les discussions sur la diversité restent souvent taboues.

Mais certaines personnalités refusent de se taire. C'est le cas de Stella Jean, seule femme noire de la Chambre de la mode italienne, qui a lancé le collectif We Are Made in Italy (WAMI). Avec lui, elle a réussi à faire en sorte que la fashion week de Milan s'ouvre sur des créateurs afro-descendants. Une première historique, obtenue au prix de nombreux sacrifices.
Et du côté des créateurs ?
Vous connaissez sûrement Olivier Rousteing, à la tête de Balmain, ou Virgil Abloh, qui a marqué Louis Vuitton de son empreinte. Mais à Paris, ils restent parmi les rares créateurs noirs à avoir dirigé de grandes maisons.

Heureusement, la relève est là : Pharrell Williams, Mossi Traoré, Imane Ayissi, Wales Bonner, ou encore Thebe Magugu insufflent un vent nouveau à la création. Ils sont la preuve qu'un autre regard sur la mode est non seulement possible, mais aussi inspirant.
Et vous, quelle mode soutenez vous ?
Alors, faut-il croire à une révolution ? Pas encore. Mais il y a un frémissement, une prise de conscience, une envie de mieux faire. Et cette envie ne vient pas seulement de l'intérieur de l'industrie. Elle vient aussi de vous, consommatrices, passionnées de mode, amatrices de beaux messages et de vraies valeurs.
Car au fond, la question est simple : souhaitez vous une mode qui suit les tendances ou une mode qui change le monde ?